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Testo dell’intervista rilasciata alla rete televisiva francese TF1 e trasmessa nel programma “Reportages” in data 21-IV-1995

1. Quelle était l’intention de Mgr Escriva quand il a fondé l’Oeuvre?

L’intention de Mgr Escriva, quand il a fondé l’Opus Dei, était de servir l’Église comme elle veut être servie. Et en particulier de raviver, parmi les chrétiens de tous les temps, jusqu’à la fin du monde, la prise de conscience qu’ils sont des enfants de Dieu.

Car l’Opus Dei est actuellement —mais dès le début il tendait déjà à cela—, une structure hiérarchique de l’Église, et dont la fin n’est autre que la fin de l’Église. Par la figure juridique voulue par le concile Vatican II, qui a voulu qu’il y ait pour certaines oeuvres pastorales des diocèses particuliers ou des prélatures personnelles, l’Opus Dei vise la même fin que l’Église: le message chrétien; rappeler aux personnes qu’elles sont des disciples du Christ, qu’elles doivent participer à la vie du Christ, se sentir à chaque moment des membres vivants de l’Église.

En outre, ce message, que diffusait Mgr Escriva de Balaguer, consistait à rappeler que la vocation à la sainteté s’adresse à toutes les personnes, et pas seulement à quelques élus, pourrait-on dire: aux religieux ou aux prêtres. Non! Il a appelé tous les hommes, en les appelant à la sainteté.

C’est pourquoi l’Opus Dei insiste sur cette idée que les maîtresses de maison, les travailleurs, tous ceux qui exercent une profession, dans le milieu où ils se trouvent, peuvent et doivent être saints. Le message de l’Opus Dei fait partie du patrimoine de l’Église. Mais ce message met l’accent sur le travail professionnel, en disant que tous les travaux nobles, honnêtes, peuvent être un chemin qui conduit à Dieu, qui nous identifient à Dieu.

Pour résumer cela de façon synthétique, je vous dirai, avec Mgr Escriva, que l’Opus Dei, c’est connaître le Christ, le faire connaître, amener partout Notre Seigneur, à tous les milieux.

2. Comment jugeriez-vous l’état actuel de l’Oeuvre, ses points forts et éventuellement ses faiblesses?

Ces jours-ci, nous commémorons le départ au Ciel de mon cher prédécesseur, Mgr Alvaro del Portillo. Dans les vingt ans, pratiquement, où il a été à la tête de l’Opus Dei les fidèles de la Prélature ont étendu leur travail apostolique à vingt nouveaux pays. C’est là un signe de la vitalité du message du Christ, dont nous nous sentons participants, car nous en sommes des instruments.

Tout le mérite provient des mérites de Jésus-Christ. Dans la Prélature, ce que l’on veut faire, c’est donner une grande formation spirituelle, pour que croisse en tous la responsabilité apostolique. Et ceci veut dire que le travail apostolique croîtra dans la mesure où croîtra la vie intérieure, la responsabilité personnelle de chacun de ses membres. En un mot: que nous soyons plus de Dieu, plus disposés à servir les âmes. Et en même temps, nous nous rendons compte que nous dépendons de notre lutte personnelle. Et c’est là que se trouvent les points faibles de la Prélature: nous sommes des femmes et des hommes qui ne se considèrent pas comme des sur-femmes ou des sur-hommes. Comme tout le monde, nous avons des défauts, et contre ces défauts nous devons lutter.

Mais je citerai une autre phrase du bienheureux Josémaria: la sainteté est quelque chose de très facile, car elle est à la portée de tous; et très difficile, car elle suppose une persévérance héroïque, de tous les jours, dans l’accomplissement du devoir, dans l’extraordinaire et dans l’ordinaire. Fondamentalement dans l’ordinaire.

3. Comment voyez-vous l’avenir de l’Oeuvre?

Avec la grâce de Dieu, je vois l’avenir avec beaucoup d’optimisme. Car nous savons que c’est le Seigneur qui a voulu l’Opus Dei, et c’est donc lui qui se chargera de le faire en comptant sur notre réponse. Il se développera. Il s’étendra bien davantage. Ce qui nous intéresse, c’est de susciter, chez chacun des fidèles de la Prélature, femmes, hommes et prêtres, un plus grand sens de leur responsabilité et une plus intense vie intérieure, parce qu’ils auront ainsi un plus grand impact apostolique, qui contribuera à une rechristianisation, à une réévangélisation du monde.

Nous ne prétendons pas être des surdoués, qui doivent donner des leçons aux autres. Mais nous voulons, par nos vies, montrer qu’il vaut la peine de suivre le Christ et que d’accomplir ses commandements est un programme très attirant; que les béatitudes présentent un programme susceptible de donner un but aux vies de beaucoup de nos contemporains, et des hommes de tous les temps.

Sur quel point insister davantage? Il y a des domaines où il convient de travailler pour aider notre société, où nous sommes très contents de vivre, dans ce monde qui est nôtre. Par exemple le monde de la culture, celui de la jeunesse.

4. Quels sont les pays du monde où l’Oeuvre est actuellement la plus vivace, la plus florissante?

En général, les pays où l’on a commencé dans les premiers temps. Par exemple en Espagne, où il est logique qu’il y ait un développement fort, car c’est là que l’Opus Dei a commencé, et ce parce qu’il était de Dieu, non qu’il fût espagnol. Car il est né universel dans son essence, dès les premiers moments.

Ensuite Mgr Josémaria Escriva, le bienheureux Josémaria rêvait d’étendre l’Oeuvre partout, et concrètement il pensa dès le début à “la douce France”, à la très chère France.

L’Opus Dei est développé au Mexique, parce que c’est là également que nous sommes allés d’abord, au Portugal, aux Etats-Unis, en Argentine et, en général, dans les nations européennes où il y a eu une réponse.

Car nous n’avons pas à nous adapter. L’Opus Dei est toujours adapté à la société: nous sommes des chrétiens courants, qui n’ont pas à changer leur manière de vivre. Il s’agit de vivre comme nous vivions auparavant, mais face à Dieu, en essayant de surnaturaliser nos situations personnelles.

5. Quelle est la proportion de clercs et de laïcs au sein de l’Oeuvre?

Précisément parce que l’Oeuvre vise à rechristianiser tous les milieux de la société, il est normal que la grande majorité des fidèles de la Prélature soit composée de laïcs. 98% représente le chiffre idéal auquel nous voulons arriver. Mais actuellement les prêtres n’arrivent pas à 2%. Mais nous voulons arriver à ce que 2% soient prêtres, les autres étant laïcs.

Tous sont d’égale importance, qu’ils soient prêtres ou laïcs. Ils constituent une unité organique. Les uns ont besoin des autres pour faire aboutir ce grand message que Dieu a voulu rappeler au monde, par la sanctification du travail ordinaire.

6. Vous savez, Monseigneur, que l’Oeuvre est l’objet de pas mal d’attaques, y compris en France. Les principales critiques qui sont faites concernent l’élitisme qui présiderait au recrutement des membres de l’Oeuvre, et puis aussi une influence un peu occulte. Que répondriez-vous?

L’Opus Dei est ce qu’il y a de plus opposé à ce que signifie l’élitisme, au sens de séparation des autres personnes qui vivent dans notre monde. Je pense qu’il y a là une déformation, comme il arrive en bien d’autres domaines. On prend la partie pour le tout.

L’Église travaille avec des personnes de tous les milieux. Et dans l’Opus Dei, qui est une partie, une portion de l’Église, une portion du peuple de Dieu, il y a des personnes de catégories sociales et intellectuelles qui sont notables dans le monde artistique, dans celui des affaires, de la politique. Mais c’est une minorité, à côté de laquelle il y a une grande majorité de personnes de l’Oeuvre qui ont une vie normale. C’est comme si, par exemple, en parlant de la France, nous disions: la France se résume aux personnages qui sont cités en première page des journaux. Personne ne penserait que ceci répond à la réalité. Car en France, comme dans l’Opus Dei, qui est intégré dans toutes les sociétés, il y a des maîtresses de maison, employés, travailleurs, des personnes ayant une profession, et qui se contentent de rester dans leur vie normale. Ceci est tout ce qu’il y a de plus contraire à l’élitisme, car en outre ils aiment énormément cette vie normale, où ils se consacrent avec passion à leur famille, à la société, à leurs amis, et à leur travail.

Secret? Nous n’avons rien à cacher. Depuis les débuts l’Opus Dei a eu ses centres ouverts à tous. Mgr Escriva disait, avec la façon juste qu’il avait de s’exprimer, que les portes et les fenêtres étaient ouvertes à tout le monde.

Nous avons —non pas que nous soyons des hommes ou des femmes importants— les bras ouverts pour que puissent venir à nous des personnes de toutes idéologies. Nous leur donnerons le trésor que nous avons: le rapport avec le Christ, qui est la Vérité.

Romana, n. 21, Luglio-Dicembre 1995, p. 380-383.

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